L’Abbaye de Villeneuve, abbaye de l’ordre de Cîteaux, a été fondée en 1201 par Constance, veuve de Geoffroy II, duc de Bretagne et remariée à Guy de Thouars. A l’invitation de la duchesse, douze moines blancs quittent l’Abbaye de Buzay et commencent à défricher un site « idoine et décent » selon Constance, appelé la Cortinaria (la Cortinaire).
Ils bâtissent alors une ferme et ses dépendances autour d’une cour. Ils aménagent ensuite deux chapelles : Saint Jean pour eux et plus tard Sainte-Apolline pour les fidèles. L’église conventuelle ne sera achevée que vingt ans plus tard et consacrée solennellement en 1224 par Etienne, évêque de Nantes. A côté de l’église, on construit peu à peu d’autres bâtiments formant le carré autour d’un cloître. On y retrouve les cuisines, le réfectoire, la salle du chapitre, le logement des moines, la menuiserie, l’hôtellerie…
Moulin à eau et à vent, four banal *, étang et pêcherie, marais salant et colombier… les moines cisterciens s’installent dans une position seigneuriale. Ces « adeptes de la pauvreté » sont gratifiés de rentes, de dîmes, de coutumes sur la vente des marchandises et s’éloignent peu à peu de leur idéal de pureté monastique. A la suite de dons successifs, la juridiction de Villeneuve s’étendra même sur les paroisses voisines du Bignon, de Montbert et de Pont-Saint-Martin. Les bénéfices d’exploitation permettent néanmoins aux moines de distribuer de nombreuses aumônes et d’offrir l’hospitalité aux religieux et aux pèlerins.
Les guerres de religions, les bouleversements économiques et enfin la Réforme plongeront les moines blancs dans la tourmente de l’histoire. Pour Villeneuve, la Réforme (1664) allait se terminer par l’application de la règle de l’Abbé Armand Jean de Rancé qui reviendra à des normes monastiques plus sévères.
En 1790, ils ne sont plus que six moines à Villeneuve. Les Révolutionnaires décident de vendre leurs biens au profit de l’Etat et les forcent à quitter l’abbaye. Les bâtiments claustraux seront achetés par Blanchard, greffier au présidial de Nantes. Le nouveau propriétaire se met promptement à l’œuvre pour démolir l’église et les bâtiments monastiques, ne voulant conserver que l’exploitation agricole et l’ancienne hôtellerie pour s’y aménager une demeure. Il est bientôt dérangé par l’insurrection vendéenne. Villeneuve sera transformée en camp retranché par les Blancs. Pour déloger cette insurrection, les Bleus finiront par brûler les bâtiments et raser les magnifiques futaies qui les entourent.
Blanchard, revenu après la pacification de la région, put reprendre la construction du château de Villeneuve, tel que nous le connaissons aujourd'hui. Mais il y eu tant de remaniements qu’il est difficile de se faire une idée de ce que l’hôtellerie était… autrefois.